8 Avril 2019

IASI toujours sur le podium

IASI-A, référence mondiale pour l'étalonnage des capteurs de l'infrarouge thermique, cède sa place à son petit frère IASI-B. L'instance internationale en charge d'harmoniser la qualité des observations satellitaires météorologiques, le GSICS, renouvelle sa confiance dans un instrument développé par le CNES.

En treize années de service, l'instrument IASI-A (Interféromètre atmosphérique de sondage infrarouge) aura largement dépassé les attentes dans les domaines de la climatologie et la chimie de l'atmosphère. La qualité des données obtenues (température, humidité et 25 composants atmosphériques), a notamment permis de distinguer les différents composés chimiques émis lors des feux de forêts en Californie en 2018, et dernièrement, d'obtenir la première cartographie mondiale de l'ammoniac atmosphérique avec 200 sources d'émissions dont les deux tiers n'avaient jamais été répertoriés.

"Nous avons tous été surpris par la diversité des cartes de concentrations atmosphériques réalisées à partir des données de IASI-A", s'enthousiasme Clémence Pierangelo, chef de service sondage de l'atmosphère au CNES.

Seul instrument au monde couvrant l'ensemble de l'infrarouge thermique grâce à un peu plus de 8000 canaux, IASI a confirmé sur plus d'une décennie sa stabilité et sa très bonne résolution spectrale. Il se démarque ainsi des capteurs concurrents américains, chinois, ou japonais. C'est pourquoi il est utilisé comme référence mondiale pour l'inter-étalonnage.

Le satellite météorologique européen Metop-A sur lequel il est arrimé depuis 2006 arrivera en fin de vie d’ici quelques années. Afin de prendre son relais, les plateformes Metop-B (lancé en 2012) et Metop-C (lancé en 2018) sont actuellement repositionnées sur leur orbite. Ces manoeuvres risquent d'introduire des biais dans les séries temporelles ce qui a incité le GSICS (Global Space-based  inter-calibration system) à désigner IASI-B, embarqué sur Metop-B, comme la nouvelle référence en matière d'étalonnage.

Vue d’artiste du satellite Metop (crédit CNES)

Photo de l’instrument IASI-A chez Thalès Alenia Space (crédit Thalès Alenia Space)

Fort de ce succès, le CNES planche sur la prochaine génération, baptisée IASI-NG. Trois instruments sont en développement, le premier devrait être lancé en 2022 à bord de Metop-SG. Basée sur les mêmes concepts que IASI- A, B et C, la nouvelle génération de capteurs double sa résolution spectrale avec 16 000 canaux et diminue d'un facteur 2 les bruits de l'instrument. Au sol, il présentera théoriquement une aussi bonne stabilité que ses prédécesseurs, qualité qu'il faudra conserver en apesanteur. Clémence Pierangelo et son équipe croisent les doigts.